Comment accompagner les émotions de son enfant?
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Tout parent sait que, lorsqu’un enfant vit une émotion, il la vit « de tout son coeur ». Il pleure à chaudes larmes à cause d’un couvercle de yaourt déchiré à l’ouverture, il tape son petit frère qui a touché à sa voiture, il crie de joie car il a trouvé ses chaussettes et il court dans vos bras tremblant de peur à la vue du petit chien du voisin. C’est tout à fait normal, et les adultes ont un rôle important à jouer pour aider les enfants à, en grandissant, comprendre et apprivoiser leurs émotions.
Le développement du cerveau de l’enfant de 2 à 6 ans
Nous savons aujourd’hui, grâce aux neurosciences, que le cerveau des enfants est beaucoup moins mature que celui des adultes, et pas encore suffisamment fonctionnel pour la gestion des émotions. C’est la raison pour laquelle les enfants vivent de véritables tempêtes émotionnelles, qu’ils n’ont pas la capacité d’apaiser seuls. Ils ne peuvent pas prendre du recul par rapport à leurs émotions et ont besoin de l’adulte quand ils traversent des émotions fortes.
Comment accompagner les émotions de son enfant ?
Quand un enfant ou un adulte est traversé par une émotion, cela se passe en trois temps :
La charge : quand ça monte à l’intérieur, et on ressent les sensations corporelles liées à l’émotion (gorge sèche, coeur qui bat rapidement...).
La tension : on utilise l’énergie de l’émotion dans une action, une parole, un comportement.
La décharge : le moment où l’on pleure, crie, tremble, respire... C’est l’étape qui permet le retour au calme.
Connaître ces trois temps nous permet de mieux les accompagner. Gardons en tête qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, mais des émotions agréables et désagréables, qui font toutes partie de la vie. Apprendre à votre enfant à accueillir et gérer ses émotions est donc essentiel, car il va les rencontrer toute sa vie.
Concrètement, comment faire ?
Accueillir non verbalement par le regard.
Votre enfant a besoin de lire dans vos yeux que vous êtes là, avec lui. Respecter les émotions des enfants sans entrer dans un jeu de pouvoir, sans juger, sans commenter : «Je vois que tu es en colère.», «Oh, tu es triste», «Tu n’en as pas envie du tout.»
Ecouter avant de consoler.
Une fois que vous avez mis des mots sur l’émotion de votre enfant, laissez-le vous parler de ce qui se passe. Accueillez son explication sans l’interrompre. S’il ne parle pas, vous pouvez l’inviter à le faire : « Je vois que tu as mal », « Tu hésites. Qu’est-ce que tu ressens ?».
Valider le vécu.
«Tu as le droit de ne pas avoir envie, c’est vrai, tu préfèrerais continuer à jouer, je peux comprendre ça.»
Permettre à l’émotion d’aller jusqu’à sa résolution.
Quand on est face aux pleurs, aux cris d’un enfant, celui-ci éprouve une émotion. Elle doit pouvoir sortir du corps en s’extériorisant. Dire « Ne pleure pas », revient à dire « Garde ta douleur à l’intérieur de toi ». Au contraire, on pourrait encourager les enfants à pleurer : « Vas-y, pleure un bon coup parce que, quand on pleure un bon coup, ça dure quelques secondes et ça s’arrête.»
L’enfant doit trouver un espace d’écoute où il peut libérer ses émotions, mais dans un cadre structuré. L’adulte doit aider l’enfant à faire la différence entre ses émotions, qui sont toutes acceptables et bienvenues, et ses comportements, qui ne le sont pas toujours. «Tu as le droit d’être en colère, mais tu n’as pas le droit de taper ton cousin »; « Je comprends que tu sois triste. Tu voulais rester au square mais il est l’heure de partir. »
Camille Jedrzejak