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Entre 2 et 6 ans, les capacités de l’enfant vont se multiplier dans tous les domaines, et il gagnera en autonomie de façon spectaculaire. Paradoxalement, pour devenir de plus en plus autonome, l’enfant a besoin de l’adulte.
Pourquoi encourager l’autonomie des enfants ?
1. Pour faire seul, l’enfant a besoin de développer ses « fonctions exécutives.
Les fonctions exécutives sont toutes les capacités qui vont lui permettre de se fixer un objectif, de rester concentré sur son objectif, de choisir les bonnes techniques pour le réussir, ainsi que les changer au besoin. Ces capacités, qu’il va développer en apprenant à s’habiller seul, par exemple, sont les mêmes dont il aura besoin pour apprendre à lire, à faire des calculs, ou à aller seul au collège un jour... Bref, ce sont les capacités que tout être humain utilise tous les jours, dans ses apprentissages comme dans ses projets personnels. Et c’est surtout entre 3 et 5 ans qu’elles se développent.
2. Développer son autonomie est un besoin naturel de tout enfant.
Ce besoin est particulièrement visible vers 2 ou 3 ans, quand il veut tout faire par lui-même : mettre ses chaussures, se verser à boire, se laver les dents ou s’habiller... En effet, lorsque l’enfant fait seul, il prend beaucoup de plaisir à exercer et développer ses fonctions exécutives qui sont en plein essor : il garde en mémoire les différentes étapes et les organise pour atteindre un objectif ; il contrôle ses gestes ou les émotions inappropriées, et apprend à rester flexible, c’est-à-dire, à revoir sa stratégie en cas d’erreur.
3. Avoir des fonctions exécutives bien développées permet des relations amicales et sentimentales durables.
En effet, de bonnes fonctions exécutives aident l’enfant à faire face au stress, à analyser et exprimer ses émotions avec sérénité, à mieux comprendre celles des autres, et par conséquent, à résoudre ou éviter les conflits relationnels. Il faut aussi savoir qu’un enfant qui se sent respecté et capable sera beaucoup plus à l’aise sur le plan affectif qu’un enfant trop «couvé».
Comment aider son enfant à être autonome ?
1. Adapter son environnement.
Il faut commencer par adapter son appartement, sa maison avec des objets à la taille de votre enfant. Lʼidéal est quʼil nʼait pas à vous demander de lʼaide pour les tâches simples quʼil est capable de faire seul. Quelques idées : rangez ses jouets dans des bacs qu’il peut attraper et ranger seul. Choisissez toujours des habits et chaussures qu’il pourra apprendre à mettre et enlever seul. Accrochez un petit porte-manteau à sa hauteur, et choisissez un panier à linge sale qu’il peut ouvrir.
2. Faire évoluer la façon de voir son enfant.
Pour certains parents, il est difficile de voir son enfant gagner en autonomie car ils pensent « qu’il ne va plus avoir besoin d’eux ». Mais c’est une croyance erronée : votre enfant aura toujours besoin de vous, de votre attention bienveillante, de votre amour inconditionnel et de votre présence soutenante. Simplement, il faudra lui manifester autrement qu’en faisant les choses pour lui, à sa place.
3. Se donner le temps.
Il est important de se rappeler aussi que chaque enfant a son propre rythme, et possède des intérêts différents. Il faut aussi savoir que le chemin vers l’autonomie n’est pas tout droit, et il y a parfois des régressions pour des raisons variées comme une maladie, un nouvel enfant, la séparation des parents ou un autre apprentissage.
4. Accompagner vers l’autonomie.
« Aide moi à faire seul », cela ne veut pas dire laisser l’enfant faire seul. Lʼobjectif de lʼadulte est dʼaider lʼenfant à prendre confiance en lui pour quʼil puisse se débrouiller par lui-même.
Concrètement, comment faire ?
Pour qu’un enfant puisse devenir autonome dans une tâche ou activité, il faut passer par trois étapes :
1. Montrer à l’enfant comment faire.
L’enfant a souvent besoin d’explications et démonstrations très claires et décomposées. Par exemple, pour lui apprendre à mettre ses chaussures seul, décomposez l’activité: « D’abord, tu ouvres les scratchs et tu fais glisser les lanières pour les desserrer. Après il faut tirer sur la languette et la tenir avec une main pendant que tu glisses ton pied dedans. »
2. Faire avec l’enfant.
Même avec l’explication et la démonstration, votre enfant ne pourra pas mettre ses chaussures seul en une journée. Restez avec lui, aidez-le uniquement sur les étapes qu’il n’arrive pas encore à faire seul. Il peut avoir du mal à glisser sa cheville dans la chaussure, mais être tout à fait capable de fermer les scratchs. C’est une étape importante !
3. Laisser faire l’enfant.
C’est parfois le plus difficile, car avant d’être un expert, votre enfant mettra plus de 5 minutes à mettre ses chaussures. Prenez de l’avance et soyez patient, ce n’est qu’en s’entraînant qu’il arrivera à se perfectionner.
Camille Jedrzejak